20/2/13
Depuis hier je teste une application nouvelle. J’expérimente
les onglets, les sous onglets, les tableaux de bord, les exports. Je joue le jeu.
C’est comme ça qu’ils disent là-haut, quand on manipule des paramètres. Ce sont
des jeux d’essai. Donc on « joue ».
Mais au creux de ma tête reptilienne, je suis perdue. Car
ils me sollicitent pour faire part de nos souhaits alors que le joujou est déjà
fabriqué.
Pourquoi maintenant, c'est-à-dire après ?
Cela signifie-t-il qu’avant nul n’était capable de réfléchir à ce
qu’il voulait ? Qu’il faut absolument jouer avec …le jouet pour savoir
comment on voudrait jouer encore ?
Retour arrière dans le cerveau. A l’époque des dinosaures -
les miens- on réfléchissait avant. Des gens se réunissaient, se
disaient leurs besoins. Leurs envies. Il y avait parfois beaucoup de rêve dans
leurs séances. Ils imaginaient des outils merveilleux qui feraient TOUT. Ils
déliraient d’abord. Fumaient sûrement un peu -voire beaucoup-
dans leurs réunions ?
Puis ils redescendaient sur terre, discutaient longuement,
rudement. Tailladaient dans leurs rêves qu’ils nommaient utopies. Puis
écrivaient ce qu’il en restait noir sur blanc, dans un cahier, oui, comme à
l’école, cela s’appelait un cahier des charges.
Puis d’autres gens construisaient ensemble un ustensile qui
réalisait, peu ou prou, ce qui avait été demandé dans le cahier, avec
plus ou moins de réussite, parce qu’entre le désir et la réalité, il existe
toujours au moins un pas.
Ensuite d’autres gens encore se chargeaient de vérifier que
l’outil fonctionnait comme cela avait été commandé dans le cahier.
Établissaient des listes d’anomalies, de bogues. On appelait cela recetter.
Enfin ceux qui avaient produit l’outil s’attachaient à
le corriger, pour satisfaire les vérificateurs et les penseurs du début de
l’histoire. Et le processus recommençait, on l’appelait « processus
itératif », jusqu’à ce que tout le monde soit content.
Je ne sais si… c’était vraiment mieux avant,
mais aujourd’hui tout est intimement mélangé.
Je n’ai pas de cahier et je peux imaginer un autre jouet que
celui que j’ai entre les mains.
Je vérifie l’inconnu, invérifiable de naissance.
Je joue.
Quitte à passer pour folle, puisqu’il m’est permis de délirer
en toute liberté, je vais demander la lune.
Dans combien de temps me répondront-ils qu’on ne peut pas la
décrocher du ciel ?
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