mardi 26 février 2013

mardi 26



26/2/13

En cours de lecture du récit « Rien ne s’oppose à la nuit » de D. de Vigan, je me suis arrêtée devant la question qu’un chauffeur de taxi pose à l’auteur, au sujet de l’écriture. Il lui demande (sous-entendu : vous écrivez ?) A quoi c’est dû ?
Comme s’il s’agissait d’une maladie.
Je suis restée scotchée.
Car je me suis souvent posé cette question.
Et je traverse des périodes où j’ai envie, voire besoin d’écrire et d’autres non.
Pour elle-même, l’auteur du récit date précisément l’origine de sa « maladie d’écriture » au jour où sa mère bascule dans la maladie mentale.
Je m’interroge.
Je me représente mon adolescence comme une longue période de mal-être, de malaise familial. Mais je n’ai pas mémorisé les dates précises des fractures majeures, comme si j’avais vécu ces années successives dans un brouillard perpétuel entrecoupé de cauchemars, assistant à la gestation d’un désastre familial sur lequel je n’avais aucune prise.
M’étais-je fabriqué une carapace ?
Ai-je pratiqué l’occultation du pire ?
Je m’imagine en spectateur malheureux, impuissant et déçu, d’une pièce de théâtre où les acteurs produisent la décomposition de leurs rôles.
J’étais là, sans rôle, condamnée à voir en silence.
Toujours en retrait, en état permanent d’absence du drame qui se jouait sur la scène.
Une carte qu’on aurait retirée du jeu avant de jouer.

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