lundi 11 février 2013

lundi 11



11/2/13
Ce matin, au bureau, correction de modules de formation.

Les textes que je remanie sont des fiches techniques, décrivant des procédures informatiques. Leur rédaction actuelle me laisse songeuse. L’auteur semble avoir ignoré les principes du mode d’écriture approprié au sujet: simplification des phrases, réduction du nombre de mots, choix unique du mode de « dialogue » avec le lecteur. Car il s’agit de dire à celui qui ne sait pas ce qu’il faut faire. Objectif numéro un : être compris de tous. Ne pas laisser de doute, aucune ambiguïté. On ne fait pas de la poésie, ici, Monsieur. On fait dans le mode d’emploi.

Pour lui expliquer la procédure, on peut s’adresser au lecteur directement, par injonctions sur le mode de l’impératif présent, à la deuxième personne du pluriel. On lui dit « vous », car dans cette communication-là, on évite de se tutoyer. Gardons de la distance. « Choisissez » dit-on à l’élève. Et tout de suite ! On lui donne des ordres.
Ou bien le rédacteur utilise l’infinitif, moins autoritaire, moins dirigiste, endossant le rôle d’un conseiller savamment flou, entretenant avec le lecteur une relation plus vague. "Cliquer sur" sous-entendu, « un jour peut-être, quand le moment sera venu…on peut « cliquer sur».
Mais il est exclu de mélanger les deux styles : la règle est de choisir le contrat d’interlocution et de ne pas en changer.
Les pages que je travaille mélangent allègrement les deux. Il s’ensuit à la lecture une sorte de malaise, où l’on se sait plus s’il faut suivre les consignes avec le petit doigt sur la couture du pantalon… ou s’il est permis de lever la tête pour regarder les papillons.

En attendant, je tranche dans le vif, je résume, j’élague. En choisissant deux mots différents pour désigner la même action, ou le même objet, l’auteur voulait sans doute « bien écrire ». Il croyait bien faire. Se vantait même peut-être d’avoir été « plutôt bon » en rédaction à l’école….
Je supprime sans état d’âme toutes ses petites fioritures, et j’appauvris encore son malheureux texte qui, dès l’entrée, n’avait rien de palpitant.

Quelle affaire éloignée des préoccupations d’écrivaillons rêveurs qui voudraient jouer avec les mots !

Mais la journée me réservait d’autres surprises.
Je reçus tout à l’heure l’information suivante:

L’accès à l’application Schmilblik rencontre depuis le début de semaine des difficultés l’après-midi (lenteurs, comportements aléatoires allant jusqu’à des interruptions de service). Celles-ci ne sont pas dues à l’application en tant que telle mais à son paramétrage sur la nouvelle architecture informatique pour absorber la montée en charge correspondant à la généralisation.

Pour autant, l’application Schmilblik reste accessible et toutes les actions techniques sont mises en œuvre pour remédier au plus vite à ces dysfonctionnements.

Afin d’améliorer à court terme le niveau de service de l’application Schmilblik, un redémarrage quotidien d’une partie des services est prévu pendant la pause méridienne entre 12h30 et 13h00.

La continuité de service sera normalement assurée. Il est néanmoins possible que l’utilisation de l’application soit perturbée pendant le déroulement de ces opérations.

Nous vous tiendrons informés des solutions définitives apportées au système Schmilblik pour rétablir un niveau de service nominal.

En l’analysant plus finement je m’aperçois que ce message-là est remarquable.
Car il parvient à me dire tout à la fois que Schmilblik ne fonctionne pas mais marche quand même. Soit tout et son contraire.
D’ailleurs, lorsqu’on arrête Schmilblik, le service continue. (Mais on ne peut pas forcément l’utiliser)
Quant au niveau de service nominal, je n’ai pas osé demander de quoi il s’agissait.
Enfin, tout ça, ce n’est pas de la faute de Schmilblik, mais de son paramétrage.
Ce qui signifie que Schmilblik et le paramétrage de Schmilblik s’incarnent en deux entités distinctes, qui à l’instant présent se regardent probablement en chiens de faïence.

C’est comme ça qu’on finit par envie d’écrire …pour écrire.

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