6/3/13
Voici plusieurs jours, j’ai terminé « Rien ne s’oppose
à la nuit ».
Pour commenter cette lecture, j’ai eu besoin d’un temps d'attente, une
sorte de sas de décompression, parce que le livre m’a bousculée
émotionnellement.
Plébiscité un peu partout, il a reçu un prix : commençons
donc par ce qui m’a légèrement dérangée.
Dans la première partie je fus embarrassée par quelques
phrases qui dévoilaient (un peu) l’atmosphère des événements suivants. Et sans
en dire davantage, parfois.
J’ai rencontré cette façon d’écrire dans deux livres
successifs, et cela me dérange.
Qu’elles soient autobiographiques, ou pas, je n’apprécie
guère dans mes lectures que l’on me dise avant ce à quoi il faut
s’attendre après; car je préfère découvrir les choses les unes après
les autres par moi-même. L’effet de surprise, bien sûr, mais surtout l’envie de
« me faire mon idée à moi » sur le futur. Je n’aime pas qu’on
m’influence, je veux que le lecteur reste juge de ce qu’on lui raconte.
Pour ce livre-là précisément cette façon d’écrire est
peut-être inévitable, parce que son écriture se distribue sur plusieurs
modes, parfois entremêlés: le mode personnel du « je »
(souvenirs personnels de l’auteur), le mode raconté (les événements ont été
décrits à l’auteur par d’autres), le mode distancié de l’auteur par rapport à
son livre (sa difficulté pour l’écrire, l’incertitude d’aller au bout).
Ainsi je fus quelquefois désorientée par les allers et
retours entre le sujet du livre - l'histoire
de la mère racontée par sa fille- et les commentaires de l’auteur sur son mal
d’écriture.
Mais c’est probablement ce qui crée la force du livre et qui
contribue à la sincérité poignante qui en émane.
Car lorsque vous le lisez, ce n’est pas vraiment une
histoire qu’on vous raconte pour vous distraire, mais une personne avec qui
vous êtes réellement, pour un long moment, et que vous allez
écouter. Et que vous allez comprendre. Intimement.
Enfin, le livre m’a troublée parce qu’il fait écho à des
souvenirs personnels douloureux, imparfaitement élucidés sur le plan
émotionnel, qui ont trait à la maladie mentale. Ce sujet est pour moi un
secteur à hauts risques, que je dois traverser avec prudence.
Cet excellent livre m’a rappelé qu’il me restait encore
beaucoup de chemin à parcourir dans ce no mans’ land-là.
Je n’oublierai pas « Rien ne s’oppose à la nuit ».
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