lundi 4 mars 2013

lundi 4



4/3/13 
Soleil de mars. 
Penser à ...un lieu que j’aime
Voudriez-vous découvrir les Eaux-Tortes ?

Pour vous y rendre, engagez-vous dans le vallon du Laverq, arrêtez-vous à l’Abbaye. Puis avancez dans la forêt pour atteindre l’ancienne maison forestière établie parmi les mélèzes et les pins. Vous serez captivé par les ombres et les lumières du soleil jouant dans les aiguilles, vous contemplerez les usnées chevelues accrochées aux branches, dégringolant en mèches sèches, bouclées, brunes ou vertes, et vous scruterez le sol à la recherche d’un exemplaire perdu, plus extraordinaire ou plus parfumé que les autres, pour l’emmener avec vous.

Mais il sera déjà grand temps de repartir, vous emprunterez le sentier plus raide, qui continue de monter en direction de la tourbière des Eaux-Tortes.

A la sortie de la forêt, vous découvrirez ce lieu étrange, noyé de sources claires et innombrables, où les eaux se mêlent en chantant aux pierres et à la terre, entre les touffes surélevées et arrondies des sphaignes.
Il vous faudra bondir de touffe en touffe, à l’aide parfois de quelque bâton, en observant au passage d’un coup d’œil averti le chemin des cascades qui se croisent, en écoutant le son de l’eau qui s’enfuit pour en comprendre le sens, en repérant les trous d’eau souvent traîtres pour le pied maladroit.
Il faudra vous étendre sur des coussins d’herbes humides et moelleuses, en oubliant l’eau fraîche qui s’insinue dans les vêtements, pour dénicher la discrète grassette cachant une corolle violette, ou un insecte coloré particulièrement patient.
Il vous faudra, pendant des heures infinies, où le temps n’existe plus, chercher le meilleur éclairage, le plus joli point de vue pour photographier les Séolanes se dressant au fond du paysage, accompagnées de leurs reflets, dans des eaux immobiles entre les pas ronds des sphaignes.
Il vous faudra, pour atteindre l’endroit idyllique toujours plus éloigné, sauter des bras d’eau de profondeur variable, chercher votre voie parmi les méandres tortueux d’une tourbière capricieuse, en éternelle voie de comblement, mais chaque année transformée, toujours imprévisible pour le marcheur impénitent.
Il faudra vous retourner sans relâche pour vous souvenir du cheminement parcouru en songeant au retour, afin d’éviter de vous perdre dans des mares, imaginées semblables mais qui, observées à l’envers, pourront devenir infranchissables.
Il sera déjà grand temps de reprendre la route du retour, car plusieurs heures se seront évanouies et vous repartirez les yeux éblouis et émerveillés par ce lieu rempli de grâce, pour lequel vous n’aurez qu’une seule envie : celle de revenir.

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