7/3/13
J’ai commencé la journée de très mauvaise humeur : je
deviens depuis quelques semaines une insomniaque récidiviste, consommatrice
quasi régulière de somnifères. Pas tous les soirs, non, mais au moins une fois
par semaine. J’hésite sur la cause de ses difficultés d’endormissement.
S’agit-il de mes tentatives maladroites de peinture qui m’obsèdent ? Ou de
mes déficits chroniques de ventilation interne, mes soucis de tuyauterie
obstruée qui m’emmènent petit à petit vers des sensations d’oppressement à
consonance asthmatique ? Hier soir, il me fut impossible de fermer l’œil.
J’ai essayé diverses méthodes. La classique, tout d’abord : j’ai compté
les moutons de la prairie, plusieurs fois, et ils étaient fort nombreux, mais
je n’en suis pas venue à bout : il fallait toujours recommencer. Malgré
l’abrutissement accompagnant cette occupation passionnante, mon cerveau n’avait
pas voulu effectuer sa Remise A Zéro quotidienne. J’ai alors tenté la
décontraction par respiration abdominale, sans aucun résultat. Puis j’ai
exploré des paysages censés détendre mon esprit chaotique, sans parvenir à me
concentrer sur ces images plus d’une ou deux minutes. Mon cerveau agité
bondissait d’une évocation à l’autre, comme un insecte égaré. Vers une heure du
matin, j’ai capitulé et avalé une petite pilule capable de m’assommer plus
efficacement que tous mes efforts répétés et décourageants, opération
prometteuse d’un lendemain marécageux. Nous y voilà maintenant, je
m’enfonce dans un jour bon-à-rien au goût métallique, un espace lent et
cotonneux, noyé d’un mal de tête diffus et incertain.
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