23/3/13
Hésitations
Hésitations
Est-ce l’absence de lumière qui m’obscurcit la tête, alors
que nos jours rallongent sans que la vie ne s’éclaire ? Les jours vides
s’additionnent aux creux de mon existence, et le journal quotidien s’enfonce
dans le silence.
Je traverse une période dispersée, en frustration permanente
de la réussite de quelque chose, n’importe laquelle.
Je suis éparpillée.
Mes quêtes, mes essais incessants dans le domaine des arts
plastiques démontrent, comme dirait D, que je suis en recherche. Oui, je
cherche quelque chose, et je ne sais guère quoi.
Notre départ prochain pour B. me lance dans d’interminables
préparatifs de voyage. Cette activité, associée à mes expériences répétées et insatisfaisantes
de peinture en tous genres, m’occupe une grande partie du temps.
Les mots n’ont plus de saveur, je n’ai plus envie de jouer
avec.
C’est, comme on dit, une période sans.
Ma lecture en cours de « Liberté dans la
montagne » de M. Graciano, ne facilite peut-être pas les choses. Ce livre
me trouble, et presque, me tourmente.
J’étais prévenue, tel que présenté dans le Magazine
Littéraire, ce n’est pas un livre commode. Répétitions et circonvolutions dans
les propos, évocatrices d’une voie hypnotique, dans un rythme proche d’une entrée
en transes. Vocabulaire vieilli ou rare, si ce n’est médiéval, parfois
incompréhensible sans dictionnaire, succession de tableaux dans un imaginaire
d’un autre âge, monde tout à la fois merveilleux et barbare. J’avoue avoir
peiné au début à pénétrer dans l’univers étrange du livre, puis je fus peu à
peu conquise par la musique envoûtante des mots, la richesse et la poésie des lieux
traversés au long du surprenant voyage du vieux et de la petite. J’ai donc
poursuivi et retrouvé le livre avec plaisir chaque soir.
Là où je trébuche, où ma lecture s’interrompt brutalement,
là où je m’interroge, c’est à cause de la violence crue d’une scène
particulièrement cruelle et ignoble, lue hier soir, qui m’a profondément
choquée, bouleversée au point d’en perdre le sommeil. Or, l’histoire me fait
craindre de nouvelles scènes du même acabit, dans le suspense probable à venir,
plutôt terrifiant, et je préférerais ne pas les lire.
Si le conte merveilleux dérive vers la boucherie des films
d’horreur et de sang qui me sont insoutenables, mon chemin avec l’auteur va
s’arrêter là.
J’hésite.
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