mercredi 1 mai 2013

Le cygne qui sait où il va



01/05/13

C’est la musique de son vol qui m’a alertée. Un bruissement régulier, discret mais suffisamment sonore pour dresser l’oreille et ouvrir les yeux. Quelques secondes avant, filait tranquillement un cormoran. Mais cette fois, c’était un cygne sauvage, remontant à grands coups d’aile puissants le canal de l’Orne. Comme on dit simplement, il traçait sa route, sans hésitation. 

Sa vitesse m’étonna. Avec mon petit vélo rasant les pâquerettes, j’avançais tout de même à 24 km/h dixit le compteur, mais le cygne me doubla allègrement, peut-être volait-il à 50 kms/h ? Remontant de Ouistreham vers Caen, il s’approcha du pont de Bénouville en quelques minutes, et je m’imaginais naïvement qu’il se poserait au voisinage du pont pour se faufiler par-dessous et y chercher quelque nourriture. Mais il n’en fut rien, cet obstacle n’en était pas un, loin s’en faut. En deux coups d’aile à peine il prit la hauteur voulue, juste ce qu’il fallait, et passa par-dessus le pont en une fraction de seconde, juste le temps nécessaire pour que quelques enfants médusés observent cet immense oiseau survoler, sans le moindre trouble, les badauds du premier mai, américains ou anglais de surcroît.

Où voguait-il cet oiseau ? Rejoignait-il à la hâte sa compagne cygne dans quelque marais ornais pour réaménager leur nid bousculé par l’hiver ? Peut-être était-il un peu en retard cette année ? Sans doute savait-il précisément où il se rendait, et si je ne connais pas le but de son voyage, il m’a semblé parfaitement sûr de la trajectoire appropriée à son objectif.
L’espace de quelques instants, son apparente certitude du point qu’il devait atteindre et du chemin à parcourir dans les airs me fit envie.
Quand je serai grande, je serai un cygne qui sait où il va.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire