dimanche 2 juin 2013

Rêve d'Adonis



02/06/13

De nombreux naturalistes ne visitent guère les coins sinistres tels que ceux que je parcourais hier et préfèrent partir en quête de plantes autrefois répandues et devenues rarissimes. Bien entendu, loin de partir au hasard, ils choisissent soigneusement leur terrain d’investigation.
Peu leur importe le suivi des mauvaises herbes, c’est surtout « la coche » qui les anime, voire le plaisir de pouvoir dire haut et fort dans certains milieux que ce sont eux qui ont trouvé ou retrouvé la perle rare. La célébrité, en quelque sorte. Surtout la leur, peut-être ?
Et pourtant.
Ne suis-je pas un peu injuste ?

D., que je classais parmi ces passionnés des raretés, attirés par l’aura qui les nimbe tout en illuminant l’auteur de leur collecte, raconte son expérience du jour. A la recherche de quelques insectes pour étoffer un atlas d’entomologie, tâche certes plutôt routinière, le soleil s’est pris à bouder : D. délaisse alors les papillons et porte son attention sur un champ de colza.
Comme ça, juste en passant, pour voir.
Car on ne sait jamais.
Et il retrouve là par hasard…l’Adonis d’automne, cette jolie fleur rouge autrefois fréquente dans les moissons, maintenant absente de nos cultures agro-industrielles. En gros, une plante qui n’existe plus. Voilà une vraie trouvaille scientifique et un sacré coup de chance. 
Et il ne l’a même pas fait exprès ! Tout le monde applaudit .
Quant à moi, pour cette fois je l’envie. Voilà une découverte hors de ma portée, à moi  qui me traîne dans d’affreux espaces nauséabonds accueillant avec peine quelques plantes rudérales.
Je suis bien certaine que j’aurais pu explorer une à une chaque brindille du champ de céréales derrière le hangar de la mort, sans jamais rencontrer la moindre petite plante messicole.
Tout au plus quelques corbeaux agonisants par la méchanceté des hommes.

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