11/6/2013
Isolée dans la campagne, dissimulée dans une courbe en
creux, sous couvert de quelques champs, elle se cache derrière une haie de
charmille et un portillon de bois. On se glissera dans l’espace vide conservé entre
la porte et le tronc du tilleul qui l’ombrage, puis on découvrira, émerveillé,
devant cette minuscule chapelle blanche, un jardinet de fleurs entretenu avec
soin. Pavots d’Orient d’un rouge éclatant ou d’un rose atténué et subtil,
souvenir de tenture vieux-rose un peu passée, iris violets, euphorbes, ancolies
pourpres, lupins et pieds d’alouette bleus et blancs rivalisent de beauté un
peu fière, presqu'hautaine, avec des pivoines prêtes à s’épanouir, dans des
carrés rigoureux, entourés d’une double bordure de buis taillé. Plus loin,
d’autres carrés anciens encore ensauvagés promettent des roses ou masquent
quelques iris bleus au milieu d’herbes folles.
Les yeux tout clignotants de tout ce rassemblement, le nez
palpitant de ce parfum de jardin de curé encore plus vrai que nature, on
surprendra des abeilles protégeant deux ruches à l’arrière d’une haie, alors
que, jouxtant un grand crucifix de bois, un étonnant labyrinthe anime le reste
de l’enclos et joue à emprisonner le visiteur curieux.
Et l’on se promet qu’on reviendra ici surveiller la
fructification des pavots, voire subtiliser quelques graines s’il en reste
encore pour le promeneur jardinier, ou bien fureter sur les tiges épuisées des
dauphinelles, à la recherche des chenilles blanches, noires et jaunes des
machaons, qui auront peut-être réussi à les dévorer toutes entières.
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