02/08/13
Je n’ai pas eu besoin d’attendre longtemps.
Les voilà ressorties ce matin, mes fameuses fiches égarées.
A la première heure ou presque, J., une collègue d’un
service fort lointain du mien entre dans mon bureau, l’air rayonnant, un petit
paquet de dossiers à la main.
Je le vois, je la regarde, je souris. Elle me demande, toute
joyeuse : « Est-ce que n’est pas cela que tu
cherches ? » A ma mine épanouie : « Je suis contente, je te
les ai retrouvées ! » Moi : « Mais où se
trouvaient-elles ? » « A la salle de documentation, chez M., je les ai vues ce
matin, bien au milieu d’une table. »
Je n’ai pas fait de commentaire, je l’ai remerciée
chaleureusement.
M. est en congés, bien sûr.
Nul ne saura jamais le trajet suivi par ces fiches que tant
de monde a cherchées. Surtout moi.
Le mystère restera entier : erreur ou
manipulation ?
Qui s’est trompé ? Qui est suffisamment dans la lune pour oublier derrière lui
ce qu’il était parti déposer au courrier ? Qui est distrait au point d’abandonner
au milieu d’une table vide ce qu’il est venu collecter pour le service ?
Ou bien qui est assez retors
pour subtiliser le courrier de quelqu’un d’autre, notamment le mien, pour le
faire réapparaître dans un lieu semi-collectif, quasiment désert dans cette
période estivale ?
A ce stade de l’enquête, toutes les hypothèses restent permises,
aucun scénario n’est exclu…
Toute à ma joie enfantine d’avoir récupéré ce qui m’était destiné,
j’avais très envie d’oublier l’incident et sa bizarrerie.
Mais en observant de plus près les dossiers après leur ultime
retour entre mes mains, je me suis aperçue d’une nouvelle étrangeté.
Saisie de doutes, craignant me tromper moi-même, j’ai
vérifié tous mes documents, feuille par feuille.
J’ai dû me rendre à l’évidence. A moins d’avoir moi-même
perdu l’esprit, l’un des quatre dossiers contient une pièce dans une version différente
de celle que j’avais fournie, copie d’un document à un stade intermédiaire, que
je suis la seule à avoir eu entre les mains en principe…car je ne l’ai transmis
à personne. L’aspect de la copie démontre qu’elle a été effectuée sur une
machine autre que la mienne, et le contenu atteste du vol du document dans mon parapheur.
Quant à la pièce que j’avais fournie, elle a disparu. Annule et remplace.
Ce soir me voici persuadée de la justesse de mes soupçons. Le
piège est astucieux, car je détiens une preuve que je suis la seule à pouvoir
connaître, mais dans l’incapacité de confondre l’auteur du méfait.
Je m’interroge encore sur la présence et l’unicité de cette
pièce à conviction. A-t-elle été placée là par hasard, par erreur, ou à dessein ?
L’autre s’est-il trompé lui-même, ou connaît-il bien ma capacité d’observation,
auquel cas il prévoit que je
trouverai la trace de son passage en épluchant méthodiquement mes dossiers ?
En ne plaçant qu’une seule pièce, il me laisse cependant encore une chance de
ne rien voir, ou d’oublier, au bénéfice du doute. Pour être mieux piégée, la
prochaine fois ?
Mais si, comme il le croit plus volontiers, je m’aperçois de
la manipulation, il est aussi satisfait.
Car il sait que je sais que quelqu’un cherche à me nuire…mais
je ne sais pas qui.
Malveillance et préméditation.
Comme on disait avant « Un homme prévenu en vaut deux ».
OK, me voilà prête pour le prochain épisode.
Je n’ai pas parlé de tout cela à D. Il faudra.
Et je répéterai sûrement, encore une fois : « C’est
le boulot qui rend dingue ».
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