jeudi 1 août 2013

01/08/2013



01/08/2013
Il y a quelques jours je disais à D : « c’est le boulot qui rend dingue ».
Pourtant, c’était avant d’y retourner.

Voici ce que je nommerai « le mystère des fiches navettes ».
Revenue au travail depuis une semaine, je suis confrontée à un phénomène d’un genre nouveau et un peu agaçant : certains documents circulant en interne dans notre unité administrative, qui me sont destinés directement, disparaissent sans laisser de traces. Dès mon retour jeudi dernier, je me suis mise à la recherche d’un premier document, prévu pour m’être retourné pendant mon absence de juillettiste, mais demeurant introuvable. Mon enquête n’ayant abouti nulle part, nous avons reconstitué ce premier dossier avec l’aide des collègues du service comptable. « Faire et défaire … »
Ayant presque oublié l’incident dès le lendemain vendredi, j’ai déposé quatre nouveaux dossiers auprès du service comptable, puis j’ai attendu avec un peu d’impatience leur retour, car ceux-ci étaient urgents.
Mercredi, commençant à juger l’attente un peu longue, j’ai entamé une nouvelle enquête à leur sujet…pour apprendre que les documents traités avaient été déposés lundi dans la case courrier destinée à notre service. J’ai alors poursuivi l’enquête générale dans mon service, fait fouiller les piles de courrier dans les bureaux, envoyé un appel général par messagerie électronique, sans résultat.

En réponse à l’expression amusée et légèrement narquoise des collègues des autres services « Alors as-tu retrouvé tes fiches ? » « Mais qui donc vous vole vos documents comptables ? » je garde le sourire mais le mystère reste entier. Chacun y va de son interprétation : « c’est quelqu’un qui s’est trompé de case »  « ça s’est accroché avec d’autres papiers, les trombones, c’est terrible » .. « c’est arrivé avec d’autres courriers sur le bureau d’un personne en congés » ou de ses suppositions accompagnées de sous-entendus « tu es sûre que cela a vraiment été déposé dans la case de ton service ? » « tu es sûre que ce n’est pas sur un bureau de votre service ? » « Et chez V, tu as regardé ? » Bref tout le monde s’en mêle.
Personne n’a encore osé me demander « es-tu sûre que ce n’est pas toi qui les as ? » mais je me doute que l’un ou l’autre l’aura imaginé dans son cerveau torturé.
Curieusement le problème trouble notre petit univers qui s’ennuie, indolent dans la chaleur de l’été…l’incident défie l’environnement rationnel d’une administration royaume de la paperasse. Car si les documents administratifs s’égarent, où va l’Administration ?
Quant à moi, les points d’interrogation bousculent mes réflexions.

Entre hasard et destin, j’ai toujours oscillé entre l’incrédulité majeure et l’incertitude étonnée.
Si je n’avais commencé hier soir la lecture du récit de D. de Vigan « Les heures souterraines » serais-je envahie aujourd’hui par ces soupçons, prémisses d’un scénario paranoïaque ?
Comment ne pas s’autoriser à penser qu’il existe aussi des erreurs volontaires, qu’il est des coïncidences trop rapprochées pour être honnêtes et que quelqu’un dans nos murs cherche peut-être à nuire à quelqu’un d’autre ?
Je ne suis pas obligatoirement la cible de cette malveillance, ou pas la seule.
Il n’empêche.
A peine rentrée de congés brutalement terminés dans la tristesse d’une disparition, me voilà pénétrée de méfiance, observatrice des faux-pas d’un éventuel personnage à l’esprit tordu, auditrice soupçonneuse de propos (trop) gentils, de faux apitoiements. J’écoute la ritournelle de l’un, puis de l’autre.
Qui croire, finalement ?
En attendant la suite des événements, tout en guettant le jour de sortie de mes pauvres fiches navettes, je surveille tout un chacun, je photocopie tous mes documents avant de les déposer dans des cases, je demande à être prévenue par téléphone lorsque des dossiers me concernant sont prêts, car dorénavant je viendrai les chercher moi-même.
Je m’apprête pour la prochaine attaque, je verrouille, je bétonne.
Car je soupçonne quelqu’un.
Paranoïaque, vous dis-je.

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