02/09/13
C’est un petit pré verdoyant fermé d’une clôture grillagée,
au bord d’un chemin de terre. Un peu à l’écart du village, un de ces vagues
chemins qui passent par-derrière les jardins, parfois découpés en morceaux par
des lotissements nouveaux.
A première vue, le pré semble joli, frais et riant
comme je les aime, et s’agrémente d’un immense cognassier comme vous n’en
trouverez nulle part. L’arbre étale ses branches chargées de fruits, occupe
tout l’espace et masquerait presque le reste.
Mais c’est bien le reste qui m’intrigue.
Au fond, c’est un poulailler en béton fort laid orné de
grilles qui n’en finissent pas de rouiller. Point de volailles courant dans ce
coin d’herbe tendre, l’endroit est bien désert. Serait-ce des lapins qui
s’ennuient dans les casiers ?
Je me garderai bien d’aller visiter les lieux, car au beau
milieu de la pelouse, à côté de l’arbre majestueux, est exposée une bien
étrange chose.
C’est un animal empaillé, fixé sur une planche de bois,
tenant dans sa gueule un autre animal, oiseau peut-être, sous forme de bestiole
indéfinissable.
Guère férue en taxidermie, j’hésite à donner un nom à ces
pauvres ruines d’êtres vivants.
L’animal gris-jaune campé sur son support, plutôt bas sur
pattes et ras de poil, observe le passant en découvrant des dents acérées et le
dévisage avec une expression féroce.
Quel est le sens de cette exhibition ?
Le propriétaire a-t-il fièrement empaillé son chien en
mémoire de cet excellent chasseur qui lui était cher ? S’agit-il d’effrayer
d’éventuels prédateurs par une présence menaçante…et pourtant aussi
remarquablement immobile qu’un épouvantail ?
Je scrute un moment cet ensemble bizarre sans trouver
d’explication satisfaisante à cet appareillage, puis, la tête encore une fois
embarrassée de questions, je passe mon chemin.
Entre les corbeaux pendus et le chien-momie qui vous dévore
de ses yeux morts, comment ne pas fuir, encore, cette campagne
transformée en musée des horreurs ?
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