dimanche 28 juillet 2013

En souvenir de vous



27/7/13
Il pleut.
Aujourd’hui, ce samedi, nous avions prévu de vous rendre visite.
Cette visite-là n’eut pas lieu, vous avez précipité les choses.
Ces rallonges de vie transformées en calvaire, votre dernier chemin de croix, tout s’est arrêté là.
Non, il n’y aura pas d’autre date.
Fermons nos agendas et faisons place au silence. Et place au souvenir.
Nous feuilletterons à l’envers les pages de nos vies qui s’essoufflent.
Toutes ces choses qu’on garde pour soi, ces soupçons de tristesse dans le regard, ces yeux perdus dans le néant, les larmes qu’on étouffe, la petite voix qui dit «c’est fini ».

dimanche 21 juillet 2013

Adieu Agnès



21/7/13

Vous n’aviez jamais voulu déranger. Ce fut ainsi jusqu’à la fin.
Certains étaient déjà en vacances, partis un peu loin mais pas trop, bientôt sur le retour.
D’autres presque disponibles, pas encore enfuis pour oublier leurs soucis dans des contrées étrangères.
Curieuse pensée que celle-ci, mais si juste: si vous aviez voulu prendre rendez-vous, nous réunir une dernière fois autour de vous, nul n’aurait trouvé plus pratique dans nos agendas saturés, si compliqués.
Il faisait chaud, enfin. Un samedi, un temps de mariage, de robes blanches et de fêtes tardives.
Nous nous sommes retrouvés nombreux, certes.
Mais nous n’avons marié personne.
Nous t’avons accompagnée dans ton dernier voyage, Agnès.
Nous étions tristes mais pas trop, parce que nous savions que depuis longtemps déjà, vous en aviez assez de cette vie, tellement même que vous n’aviez plus envie d’en parler.
Votre silence disait votre lassitude.
Heureux que la paix te soit enfin accordée, mais si malheureux de t’avoir perdue, nous avons pleuré, égarés dans nos émotions contradictoires, parce que le chemin que tu as pris ne connaît pas de retour.
Alors nous t’avons regardée longtemps, car nous savions que cette fois, c’était vraiment la dernière. 

Ce visage, ce n’était plus vraiment vous, juste une sorte de schéma, l’essai d’un dessinateur maladroit. 

Et nous t’avons saluée, encore et encore.
Et nous t’avons remerciée. Encore et toujours, jamais assez.
Puis, à regret, nous t’avons abandonnée là-bas, auprès des tiens.

Et nous sommes repartis, cloîtrés dans nos vies orphelines, épuisés, le cœur gros, bouleversés, la tête bientôt encombrée de toutes ces questions qu’on aurait dû poser avant.
Celles qui hanteront nos souvenirs et dont nous inventerons, en secret, les réponses.