mercredi 27 mars 2013

le droit à l'oubli



27/3/13

Reçu hier une invite à signer une pétition électronique contre un projet de la Commission Européenne visant, soi-disant, à faire disparaître les archives, ni plus ni moins !
D’après le message alarmant émanant d’un site de généalogie célèbre, relayé depuis un site très sérieux d’archivistes, il s’agirait de mettre en place un droit à l’oubli, destiné à lutter contre les manipulations de données personnelles auxquelles Internet nous expose, via quelques grands noms du cru tels que Facebook et Google, qui n’hésitent pas à se servir de tout ce qu’ils trouvent pour en tirer profit.
Bien sûr, si l’objectif est louable, la solution avancée fait frémir d’horreur puisqu’elle consisterait, si j’ai bien compris …à redonner au particulier (le pékin moyen, si l’on veut) la responsabilité unique et non partagée de conserver ses propres données, tous les autres acteurs ayant l’obligation de ne plus les stocker (c'est-à-dire le devoir de les faire disparaître de leur propres fichiers, après usage) parce qu’ils ne sauraient garantir eux-mêmes (comme d’ailleurs personne ne le peut ) sa non réutilisation ultérieure par d’autres.
Plutôt que de risquer la cambriole, on vide la maison, en quelque sorte. Grand aveu d’impuissance, donc. Les exemples choisis sont édifiants : effacement des données de la carrière personnelle chez les anciens employeurs, destruction des informations sur les diplômes obtenus dans les fichiers des établissements scolaires. De quoi faire froid dans le dos !
La manière de présenter les choses est si radicale que les internautes lecteurs du site de généalogie se sont déchaînés en masse contre le projet, qui contre l’Europe, qui contre les fonctionnaires  européens, qui contre le genre humain en général…quand d’autres se lamentent sur la perte de la mémoire collective et individuelle, ou s’interrogent sur leur existence professionnelle…Le buzz est allé bien loin. Il a fallu stopper le flux intarissable des commentaires.
Quelques-uns malgré tout ont évoqué une (mauvaise) blague anticipée de premier avril, tout en signant quand même la pétition (restons prudents, on ne sait jamais), quelques rares autres ont évoqué le bien-fondé de l’objectif en rappelant qu’il ne s’agissait que d’un projet, enfin quelques fêlés de première catégorie (dont je fais partie) ont même tenté de lire le projet en question et ont abandonné en cours de route, rebutés par sa longueur et sa complexité, pour finalement réclamer aux auteurs de l’alerte l’indication exacte de la page où se trouve la menace qu’ils évoquent. Citez précisément vos sources, SVP !
Très bonne question… sûrement la meilleure, malheureusement restée sans réponse !
J’ai jeté l’éponge vers la centième page (le projet en compte plus de deux cents) sans avoir trouvé de bonne synthèse du document, et non sans avoir remarqué que le projet s’éparpille en moult articles, presque tous amendés, lesquels amendements sont tous accompagnés de leurs justifications…et que pour comprendre un article il est préférable de ne lire que la justification de l’amendement, seul texte intelligible pour le commun des mortels… qui n’est ni fonctionnaire européen, ni juriste, et n’a pas participé à l’élaboration du texte !
Bref je ne suis guère avancée : je n’ai (presque) rien compris, ni au document lui-même, ni à l’affaire en général, et sans croire à une blague… je ne suis sûre de rien, je doute de tout, j’ai échoué à me faire une idée claire du problème, donc à penser quelque chose par moi-même … mais je n’ai rien signé et je me demande à qui profite cette invraisemblable histoire. Qui manipule qui ?

Et pour en savoir plus (?) c'est ici

En attendant d’y voir un peu plus clair, me voici presque partie pour mon paradis personnel, autrement dit Barcelonnette. Allons reprendre une petite tranche d’hiver, puisque la cuvée deux mille treize n’a pas de fin…mais coincée en sandwich entre deux petites tranches de soleil, et ça, rien que ça, ça m’irait bien….
Un peu de montagne, un peu de neige, un peu de blanc aussi dans les notes, mais le retour … dans quelques jours ! A bientôt ...

mardi 26 mars 2013

mardi 26



26/3/13

J’ai découvert hier, sur le net bien sûr, les Zentangle.
Je connaissais les mandalas, dessins que j’ai aimés colorier ou peindre lors d’une période assez déprimante de ma vie. Sans avoir réussi à comprendre comment on pouvait les inventer, sauf quelques dons artistiques, de manière simple, nette et précise en même temps. Ce que, comme d’habitude, j’aurais préféré, car la pratique de la copie ne me comble pas. Et mettre en couleurs les créations des autres ne me passionne pas. C’est pourquoi je m’en suis rapidement détournée.

Venus des USA, très protégés sur le plan de la création intellectuelle, le nom sous copyright, les Zentangle s’apparentent aux mandalas par le côté méditatif et relaxant qu’ils procurent, lorsqu’on s’attache à les réaliser dans des conditions adaptées.
Les Zentangle ont aussi à voir avec le gribouillage que chacun a pratiqué, au téléphone ou pendant des réunions ennuyeuses…Je me souviens d’avoir aussi beaucoup gribouillé au lycée, pendant les cours qui ne m’intéressaient pas…
Parce que (qui l’eût cru ?) dessiner sans contrainte en suivant uniquement des consignes élémentaires se révèle une activité hautement décontractante, si l’on se concentre entièrement à celle-ci. Car on oublie tout le reste… Rien d’extraordinaire dans tout cela, certes !
Mais le principe de base séduit par sa simplicité. Pour un premier essai : prenez une feuille de papier blanche, tracez un carré de 9 cm de côté. Dessinez à l’intérieur quelques lignes de séparation pour découper votre espace carré en plusieurs zones distinctes, selon les formes qui vous plaisent. Et remplissez différemment chaque zone, chacune  à l’aide de motifs répétitifs, au feutre fin, noir, voire un Bic ou votre stylo-plume. Pas besoin de vouloir représenter quelque chose, ni de bien dessiner…Pas de gomme, matériel rudimentaire, pas d’objectif à atteindre, pas de résultat attendu…donc pas d’échec…. ?
Pour résumer : un gribouillage organisé.

On obtiendra au bout de la séance un carré intensément décoré, qui, même sans imagination débordante, n’est pas exempt d’esthétique.

Le concept semble faire fureur aux États-Unis, car les créateurs et adeptes l’ont associé à d’innombrables livres, vidéos, sites web, stages et professeurs certifiés…le tout produisant une affaire probablement lucrative. C’est l’Amérique ! Pour enrichir son dictionnaire de motifs, des sites web proposent des modèles avec leurs explications, on peut ainsi les apprendre et s’en servir selon les envies.

Quelques sites français les évoquent, le plus clair est à mon avis, ici

Vais-je approfondir cette nouveauté made in USA ? Quoi, une nouvelle toquade ?
Il n’empêche…le concept est attirant, aisé à mettre en pratique, bienvenu car depuis quelques mois je tente, avec plus ou moins de réussite, de reprendre cette saine gymnastique du crayon sur l’air de « 1 croquis par jour ». Voici deux ans, j’avais tenu ce rythme pendant plus de six mois sans me lasser. Mais le manque d’idées (quoi dessiner, à la fin ?), l’hiver (cet éternel trouble-fête) et diverses perturbations intellectuelles avaient eu raison de mes stylos…
Cette année semble propice, j’essaye de multiples mediums depuis quelques semaines…
Oui, le Zentangle me servira sûrement d’exercice de base, en guise de « fond de commerce » !

lundi 25



25/3/13

Dimanche, fin de « Liberté dans la montagne ». Je me suis enhardie, passant outre à toutes mes hésitations  au lieu d’abandonner (encore) le livre, prête à sauter les éventuels passages insupportables. Ce ne fut pas nécessaire, j’avais probablement déjà lu le pire.
Mais le dénouement du livre m’a beaucoup déçue, j’attendais une sorte d’apothéose à ce voyage que j’avais cru initiatique. Ou bien, à l’inverse, une absence de fin, un voyage que le vieux et la petite ne termineraient jamais. Ou pas dans le livre. Ils dépasseraient ainsi la source de la rivière, franchiraient le col pour découvrir une autre rivière, qu’ils suivraient cette fois jusqu’à la mer. Celle qu’ils espéreraient atteindre un jour.
Une façon pour le vieux et la petite de se continuer, au-delà du livre. Au lecteur d’inventer les épisodes.
Mais ce n’est pas ça du tout.
Le plus beau de l’ouvrage restera, pour moi, les « tableaux » du village, du veneur et de l’amour. J’oublierai la suite, je bifferai l’horrible et modifierai le final.
Alors j’aimerai ce livre.


samedi 23 mars 2013

samedi 23



23/3/13

Hésitations

Est-ce l’absence de lumière qui m’obscurcit la tête, alors que nos jours rallongent sans que la vie ne s’éclaire ? Les jours vides s’additionnent aux creux de mon existence, et le journal quotidien s’enfonce dans le silence.
Je traverse une période dispersée, en frustration permanente de la réussite de quelque chose, n’importe laquelle.
Je suis éparpillée.
Mes quêtes, mes essais incessants dans le domaine des arts plastiques démontrent, comme dirait D, que je suis en recherche. Oui, je cherche quelque chose, et je ne sais guère quoi.
Notre départ prochain pour B. me lance dans d’interminables préparatifs de voyage. Cette activité, associée à mes expériences répétées et insatisfaisantes de peinture en tous genres, m’occupe une grande partie du temps.
Les mots n’ont plus de saveur, je n’ai plus envie de jouer avec.
C’est, comme on dit, une période sans.
Ma lecture en cours de « Liberté dans la montagne » de M. Graciano, ne facilite peut-être pas les choses. Ce livre me trouble, et presque, me tourmente.
J’étais prévenue, tel que présenté dans le Magazine Littéraire, ce n’est pas un livre commode. Répétitions et circonvolutions dans les propos, évocatrices d’une voie hypnotique, dans un rythme proche d’une entrée en transes. Vocabulaire vieilli ou rare, si ce n’est médiéval, parfois incompréhensible sans dictionnaire, succession de tableaux dans un imaginaire d’un autre âge, monde tout à la fois merveilleux et barbare. J’avoue avoir peiné au début à pénétrer dans l’univers étrange du livre, puis je fus peu à peu conquise par la musique envoûtante des mots, la richesse et la poésie des lieux traversés au long du surprenant voyage du vieux et de la petite. J’ai donc poursuivi et retrouvé le livre avec plaisir chaque soir.
Là où je trébuche, où ma lecture s’interrompt brutalement, là où je m’interroge, c’est à cause de la violence crue d’une scène particulièrement cruelle et ignoble, lue hier soir, qui m’a profondément choquée, bouleversée au point d’en perdre le sommeil. Or, l’histoire me fait craindre de nouvelles scènes du même acabit, dans le suspense probable à venir, plutôt terrifiant, et je préférerais ne pas les lire.
Si le conte merveilleux dérive vers la boucherie des films d’horreur et de sang qui me sont insoutenables, mon chemin avec l’auteur va s’arrêter là.
J’hésite.

mercredi 20 mars 2013

mardi 19



19/3/13
Je travaille sur un outil appelé « portail décisionnel ».
La confusion des termes noie mon collègue et supérieur hiérarchique. Un outil décisionnel, pour lui, est un instrument permettant de prendre des décisions. Pour d’autres, il suffit d’aligner quelques tableaux statistiques pompeusement nommés « tableaux de bord » pour mériter ce qualificatif, très à la mode dans les espaces creux de la communication administrative.
Même si, au final, il n’y a aucune décision à prendre.
Ce matin, notre échange sur le sujet tourne au dialogue de sourds. Voire de fous.
Chacun parle d’un autre logiciel que celui de l’autre, les deux programmes par ailleurs étroitement associés, dans un jeu de questions réponses. Les mots se ressemblent et se répondent, dans un ballet faussement parallèle.
Il me faudra un peu de temps pour m’en apercevoir.
Je n’ose avouer tout de suite que je ressens un soupçon de bizarrerie dans les propos. Une sorte de brouillage, un tremblement du sens. Une sensation de malaise, cette impression de flouté.
Je regarde dans une paire de jumelles aux oculaires décalés.
Au bout d’un moment, je n’y tiens plus. J’arrête de répondre bêtement aux questions qui s’enchaînent.
Je lance : « Mais de quoi parlez-vous exactement ? »
Arrêt sur image, mise au point, recalage des oculaires.
Ouf.