jeudi 28 février 2013

jeudi 28



28/2/13
D’autres détruisent.
Reçu ce matin dans un message électronique, la chose suivante :
« les contre vérités que nous avons pues lire »
Ou comment se tromper de façon monumentale tout en croyant bien faire.
Quitte à contredire aujourd’hui ce que j’affirmais hier, histoire de pratiquer un peu la « palinodie », ce mot tellement joli qu’on en ferait bien une mélodie, là, j’ai eu du mal.
D’ailleurs rien dans cette affaire ne sentait bon, car…outre l’erreur-horreur orthographique, le message évoquait l’extinction d’un corps.
Pas de doute, il s’agissait bien de décomposition !
Oui, oui, c’est bien ça, un corps de … fonctionnaire.
Dans le style pestilentiel, j’ai dû me boucher le nez.
Vite fait j’ai jeté le message à la poubelle, qui, heureusement… n’avait pas d’odeur.

mercredi 27 février 2013

mercredi 27



27/2/13

Lu ce matin, sur un blog, ceci :
…« une passion encrée »
Oui, c’est une faute d’orthographe. Mais n’est-elle pas magnifique, cette faute ?
Comme elle me plaît, cette idée d’émotions, de sentiments qui seraient imprimés ou peints en nous avec de l’encre.
Par exemple, avec de l’encre de Chine s’il vous plaît, quelque chose de durable, de résistant à la lumière. De l’inaltérable. Ou bien si on préfère changer, de l’encre sympathique ?
On pourrait ainsi dessiner sur soi la joie, le plaisir, l’envie, la douleur.
Ou l’écrire.
C’est ma leçon du jour.
Avant de récriminer dans un mode proche du radotage, devant les innombrables erreurs éparpillées dans nos écrits numériques, avant de rayer les fautes à l’encre rouge , je les regarderai d’un autre œil.
Comme les échecs, il existe des fautes qui construisent.

mardi 26 février 2013

mardi 26



26/2/13

En cours de lecture du récit « Rien ne s’oppose à la nuit » de D. de Vigan, je me suis arrêtée devant la question qu’un chauffeur de taxi pose à l’auteur, au sujet de l’écriture. Il lui demande (sous-entendu : vous écrivez ?) A quoi c’est dû ?
Comme s’il s’agissait d’une maladie.
Je suis restée scotchée.
Car je me suis souvent posé cette question.
Et je traverse des périodes où j’ai envie, voire besoin d’écrire et d’autres non.
Pour elle-même, l’auteur du récit date précisément l’origine de sa « maladie d’écriture » au jour où sa mère bascule dans la maladie mentale.
Je m’interroge.
Je me représente mon adolescence comme une longue période de mal-être, de malaise familial. Mais je n’ai pas mémorisé les dates précises des fractures majeures, comme si j’avais vécu ces années successives dans un brouillard perpétuel entrecoupé de cauchemars, assistant à la gestation d’un désastre familial sur lequel je n’avais aucune prise.
M’étais-je fabriqué une carapace ?
Ai-je pratiqué l’occultation du pire ?
Je m’imagine en spectateur malheureux, impuissant et déçu, d’une pièce de théâtre où les acteurs produisent la décomposition de leurs rôles.
J’étais là, sans rôle, condamnée à voir en silence.
Toujours en retrait, en état permanent d’absence du drame qui se jouait sur la scène.
Une carte qu’on aurait retirée du jeu avant de jouer.

lundi 25 février 2013

lundi 25



Rêve désagréable.

Elle se trouve dans la famille de son ex, qui ne l’est pas encore. Ils sont tous présents, lui, ses parents, ses sœurs. Une amie aussi, qui fera une apparition brève, puis s’évanouira, « éliminée ». Hors sujet ?
Le propos de ce conseil de famille est une leçon de sacrifice collectif pour sa réussite à lui. Parce qu’il est brillant, doué, promis à une carrière (politique ? universitaire ?) fulgurante, il faut accepter ses travers, ses errements, voire erreurs dans la sphère privée. Elle fait partie du cercle, on la prie d’en faire autant, de participer à la construction de son MOI surdimensionné, à toutes fins de sa réussite personnelle, dont la famille-secte recueillera, en échange, les bienfaits et retombées secondaires.
Dans le rêve, elle accepte à contrecœur cette sorte de marché, dont la fondamentale tromperie de l’homme envers elle. Cadeau de bienvenue.

Moi c’est un peu elle. Mais pas tout à fait.
Il y eut quelque chose d’analogue dans la réalité. Malgré la faute essentielle du fils, le père n’aurait pas voulu que je demande le divorce, persuadé qu’il s’agissait d’une passade, que l’étourneau s’apercevrait vite de sa sottise.
Moi, je n’ai pas fait ce qu’il demandait, parce que le meilleur était perdu: la confiance.

Profond malaise au réveil.
Certaines blessures ne guérissent jamais.

dimanche 24

24/2/13
Neige.
Ai-je jamais vu la neige à M ?

samedi 23 février 2013

samedi 23



23/2/13

Il pourrait y avoir un blanc.
Comme aujourd’hui, par exemple.
Un jour froid, sous un ciel blanc, où l’air prendrait forme, une texture blanche, dans le vent vaguement saupoudré de brouillard givrant, de gouttelettes infimes d’une neige incertaine.
Un jour fragile, où l’on s’acharnerait à photographier, dans un rayon de soleil blanc, des alignements de bouleaux aux troncs blancs.
Un jour trop court, où l’on allumerait la grande lampe blanche, pour se soigner la tête et les yeux malades de l’hiver.
Un jour déjà sur le déclin, où la neige, accompagnant le soir, viendrait à pas de loup blanchir le jardin.
Ainsi accepterait-on le blanc, en se souvenant que les blancs sont nécessaires aux mots.
Pour que le texte écrit soit lisible, s’il devait être lu.

vendredi 22 février 2013

vendredi 22



23/2/13
 
Aujourd’hui, je suis en centre ville de Caen.
Une camionnette blanche traverse le trottoir, plutôt vite, devant mes yeux, pour pénétrer dans une cour d’immeuble.
Je m’arrête, interloquée.
Est-ce-que je rêve? Ai-je bien lu ? Vu ? Mon cerveau me dit : « 60420 FERRIERES »
C’est une sensation forte, lumineuse, je vois dans ma tête le message en rouge flash étincelant clignotant sur fond noir.
Je me retourne, je lis cette fois pour de bon  l’adresse peinte en rouge sur la camionnette, qui n’a pas encore disparu dans la cour.
Je n’ai pas rêvé.
L’espace d’un instant, un grand tourbillon flou. Où suis-je ? Je croyais être à Caen. Mais je me trompais, je suis retournée là-bas ?
Car cette suite de chiffres (le code postal) et le nom de la commune ne me sont pas étrangers. Loin s’en faut… les trois-quarts de mes ancêtres sont originaires du canton concerné, voire de la commune !
La seconde suivante, toutes les choses regagnent sagement leur place.
Le cerveau réfléchit.
Pourquoi n’y aurait-il pas à Caen, une entreprise en provenance d’une autre région, et pour une fois, de Picardie ?
D’accord. Une entreprise qui vient d’ailleurs, c’est une chose parfaitement ordinaire. De Picardie, lorsqu’on se trouve en Normandie, ce n’est pas fréquent, soit.
Que ce véhicule passe devant moi  au bon moment et au bon endroit est un fait encore plus rare. On frôle l’extraordinaire. Une coïncidence étonnante et amusante.
On pourra simplement dire que cet événement n’avait qu’une probabilité bien faible de se produire.
Ce qui me frappe cependant davantage, c’est ceci : sans une quelconque intention de lire ce qui était écrit sur la camionnette, d’autant que celle-ci était en mouvement et son passage parfaitement imprévu, mes yeux et mon cerveau ont enregistré sans erreur le message écrit en une fraction de seconde, pour le corréler sans délai à la case correspondante hautement chargée d’émotion.
Je n’ai pas eu besoin de lire pour savoir.
Cette expérience sympathique me laisse toutefois songeuse.
Que fait mon cerveau de tout ce qui passe devant mes yeux et que je ne vois pas ?
Ou plus exactement, que je crois ne pas voir ?
Ne trouvant pas de case correspondante, élimine-t-il le message sans tarder ?
Ou le stocke-t-il quelque part, pour plus tard ?